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Entretien avec Agnès Jaoui

C’est votre deuxième collaboration avec l’équipe de ce film*. Pourquoi avoir accepté ce nouveau projet de comédie musicale en animation ?

Agnès Jaoui : Il y a une dizaine d’années, en rentrant un soir à la maison, j’allume la télé et je tombe sur un dessin animé splendide. C’était l’histoire d’une femme qui voulait se jeter d’une falaise, mais elle ne cessait de se battre contre le vent qui la repoussait. Qui avait pu créer quelque chose d’aussi beau ? J’ai noté son nom et je lui ai écrit un mot : c’était Arnaud Demuynck. On s’est rencontrés, puis on a sympathisé, et ce fut le début de nos aventures. J’aime énormément ce qu’il fait, et la musique d’Alexandre Brouillard aussi.

Pouvez-vous présenter votre personnage ?
A. J. : 
C’est une renarde végétarienne. C’est assez rare ! Au lieu de faire peur aux animaux de la forêt, elle les prévient quand il y a un danger. Elle est donc pacifiste et altruiste.

Il est question d’amitié, mais aussi de choix de nourriture. Est-ce pour vous un sujet important à aborder avec les enfants ? 
A. J. : Ce film parle d’abord du vivre-ensemble : il y a de la place pour tout le monde. C’est un message qui me plaît. L’éducation à la nourriture est aussi absolument essentielle pour les enfants. Dans le monde d’aujourd’hui, les tentations de la malbouffe sont nombreuses. Il est très important d’éduquer et d’être vigilant par rapport à ce que mangent les petits… et les grands ! Mais cette histoire parle surtout de la différence. Des êtres complètement différents finalement s’apprivoisent et se comprennent. Il y a un côté fable de La Fontaine aussi.

La renarde parle en alexandrins. Est-ce une autre façon de renouer avec le théâtre ?
A. J. : 
C’est très joliment écrit et très agréable à jouer, mais ce n’est pas du théâtre. On est caché derrière un personnage. C’est d’ailleurs rigolo, après coup, de se voir en quelqu’un d’autre ! Après avoir répété les chansons avec mes partenaires, c’était extrêmement amusant de s’identifier à ces animaux.

Que souhaitez-vous aux jeunes téléspectateurs ?
A. J. :
 Je leur souhaite, d’abord, d’avoir du plaisir. Ensuite, s’ils peuvent se dire : on est différents et c’est pas grave ou je vais goûter ce truc-là qui ne me plaît pas trop… Un peu d’ouverture d’esprit, ça ne fait jamais de mal !

Propos recueillis par Anne-Laure Fournier 
* Dans Sous un coin de ciel bleu, Agnès Jaoui chantait sur des rythmes sud-américains.

Critique Telerama du 15/02/2014

On aime un peu Le Parfum de la carotte est aussi celui de la discorde entre Lapin et Ecureuil : le premier s’est installé dans une forêt charmante, au pied de l’arbre où vit le second. Les deux herbivores se retrouvent autour d’une même passion, celle qu’ils nourrissent pour la cuisine. Mais, très vite, Lapin se lasse des recettes aux noisettes d’Ecureuil et Ecureuil ne supporte plus les efflu­ves des plats aux carottes de Lapin ; il décide de quitter son arbre et part, en pleine nuit, alors que rôde un renard…

Tout cela se déroule en chansons et en rimes, dans des décors charmants pleins de touches de couleur comme posées au pinceau. Ce moyen métrage d’animation est à la fois une fable, un conte musical et un beau récit sur la tolérance et le vivre ensemble. Point d’orgue, la recette du cake d’amabilité, qui n’est pas sans rappeler celle du cake d’amour de Peau d’Ane dans le film de Jacques Demy. Certains ingrédients diffèrent, mais la base est la même : une pincée de poésie, un trait de magie et un soupçon d’humour.

Maréva Saravane
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